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À propos

Kyt Selaidopoulos

Expérience professionnelle –Intérieur
  • Milwaukee Wave, 2009-2012 (MISL)
    Champion de la saison régulière  2009-2010
    Champion 2011 de la Major Indoor Soccer League
  • Parmi le top 10 des meilleurs buteurs
  • Detroit Ignition, 2006-2009 (Xtreme Soccer League)
    Champion de la saison régulière 2006-2009
    Champion 2009 de la Xtreme Soccer League
  • Milwaukee Wave, 2005-2006 (MISL)
  • Cleveland Force, 2004-2005 (MISL)
    Finaliste de la Major Indoor Soccer League
  • Montreal Impact, 1997-2004 (MISL)
Entraîneur en chef
  • Équipe du Québec futsal -2013 à aujourd’hui
  • Équipe nationale Canadienne de futsal -2016 à aujourd’hui
Expérience en équipe nationale Canadienne
  • Coupe du monde de soccer de plage au Brésil , Capitaine de l’équipe, 2006
  • Qualifications au soccer de plage au Costa Rica, 2e position
  • Qualifications à la Coupe du monde de Futsal, 2004
  • Championnats canadiens et québécois de Futsal, 2001 2005
Licences
  • Licence A nationale certifié
  • Licence B provinciale et nationale
  • Cours de directeur technique FSQ
  • Futsal FIFA et Futsal Niveau 1
  • Beach FIFA

Kyt Selaidopoulos, le parcours de l’enfant qui ne voulait pas décevoir son père

C’est à Outremont que grandit Kyriakos « Kyt » Selaidopoulos dans une famille grecque de trois enfants dont il est le benjamin. Très tôt, le jeune Kyt voit ses deux frères aînés pratiquer le sport collectif le plus populaire sur la planète : le soccer. Néanmoins, c’est plutôt vers le hockey que son attention de gamin était tournée, ce qui n’était pas étrange pour le petit montréalais qu’il était. Le soccer a beau être le sport le plus populaire sur terre, le Canada, donc par ricochet Montréal, était le temple du hockey dont Kyt était un des fervents adeptes. Alors que ses frères jouaient dans la rue à être des Maradona et des Lothar Matthäus, le jeune Kyriakos aimait personnifier Wayne Gretzky et Mario Lemieux.

Chose curieuse, il ne s’essaiera jamais véritablement au hockey. Une seule phrase à laquelle plusieurs descendants d’immigrants pourraient s’identifier expliquait cet état de chose : « mon père était Grec ! ». Il l’a dit comme d’autres auraient dit : « mon père était Africain, Haïtien, Italien, Portugais, Français, etc. » Une simple phrase qui voulait dire que ne pas jouer au soccer ne faisait pas partie des options. Dans la famille aimante dans laquelle il avait grandi, où dit-il, ses parents avaient travaillé fort pour subvenir à leurs besoins et où ses frères aînés l’ont toujours soutenu, le soccer était une façon de vivre. Alors le jeune Selaidopoulos, à la place de mettre du « tape » sur son Sher-wood, enfilera son maillot ; ses pieds ne chausseront pas des patins, mais des crampons, et c’est sur le gazon que couleront ses sueurs à défaut d’une patinoire.

À un moment donné de sa carrière, Kyt se retrouve assis dans un vestiaire, pas n’importe lequel, le vestiaire de l’Impact de Montréal. Nous sommes en 1997. À côté de lui, c’est des John Limniatis, Nick De Santis, Rudy Doliscat, Patrick Diotte, Daniel Courtois, Paolo Ciccarelli, Lloyd Barker… tous des joueurs qui avaient 10 ans de plus que lui et qui étaient des modèles pour sa génération. Valerio Gazzola, alors entraîneur de l’équipe, rentre dans le vestiaire, lui serre la main et lui dit welcome. Il s’en rappelle encore précisément comme il se rappelle de la première fois où il a mangé du Pastitsio, ce plat grec dont il raffole tant. Kyt venait de passer pro. Mais comprenait-il réellement ce que voulait dire être pro ? Pour cela, il faut retourner en arrière.

Quand il se met au soccer, Kyt réalise qu’il a un talent inné pour ce sport. Il était déjà meilleur que ses frères. Avec le recul, il pense que c’était aussi une affaire de génération. La génération 77-78, prétend-il, est la meilleure génération dans l’histoire du soccer moderne au Québec. « C’est une des générations les plus douées au Québec, avance-t-il, la preuve, c’est qu’elle a fourni beaucoup de joueurs professionnels. » Même s’il y avait les Patrick Leduc, Pascal Occean à la Rive-Sud et Sandro Grande à Saint-Léonard, la place où il fallait être quand un joueur de cette génération était bon, c’était à Jean-Talon-Rosemont, c’était l’équipe à battre. Kyt y jouait aux côtés de son ami d’enfance Abraham François, Leo Incollingo, Arius Roldège et bien d’autres. Il se rappelle d’un match en particulier, une finale de la Coupe du Québec, qu’ils avaient joué sous le soleil et sous la pluie, et où dit-il, Sandro Grande a marqué le plus beau but du siècle. Cette génération finira par remporter la médaille d’or aux Jeux du Canada d’été de 1997.

Pendant toutes ces années, Kyt Selaidopoulos pense que le talent fait foi de tout. Il fait partie des équipes du Québec U15 et U17 sous la houlette des entraîneurs comme Kostek Pawlikaniek, Pat Raimondo et Jean-Pierre Ceriani. Sous ce dernier, il sera même capitaine de l’équipe U15 qui s’inclinera en finale contre l’Ontario à l’époque. Un événement surviendra toutefois à ce moment de sa vie dont il porte encore la blessure et qu’il mettra beaucoup de temps à comprendre. Alors que l’équipe du Québec se prépare à représenter le Canada aux Jeux de la Francophonie au Madagascar, Kyt est le dernier joueur à être coupé par l’entraîneur Otmane Ibrir et remplacé par un joueur plus jeune. Le drame. Son ami de toujours Abraham François fait l’équipe, de même que Patrice Bernier, Sandro Grande, Arius Roldège, etc. Surtout que cette équipe remportera l’or à ces Jeux. « Aujourd’hui encore quand Abraham évoque des souvenirs liés à cet événement, je reste silencieux et je baisse les yeux, il le sait en regardant mon visage que j’ai encore mal. »

Kyt comprendra plus tard dans son parcours que c’était son éthique de travail qui lui avait nui. Quand il est assis dans ce vestiaire de l’Impact de Montréal pour la première fois grâce à Tony Incollingo le seul agent qu’il a eu dans sa carrière, il ne le sait toujours pas. « Si j’avais compris c’est quoi être un professionnel plus tôt, j’aurais eu une meilleure carrière, explique-t-il, je pensais qu’avec juste mon talent, j’allais me rendre au plus haut niveau, mon côté travailleur n’était là que quand ça me tentait. Dans les pros, ça ne marche pas comme ça parce qu’il y a 20 autres personnes qui travaillent fort pour prendre ta place. » Des coupures, il en connaitra d’autres, dont un essai dans un club de première division grecque où l’entraîneur lui a carrément dit de foutre le camp de son bureau. Sa carrière avec l’Impact se déroule essentiellement dans la ligue intérieure. Étonnamment, ce sont ses aventures aux États-Unis qui vont finalement lui ouvrir les yeux.

Un jour, comme il se rappelle, il était assis devant un café sur la rue Bernard avec Nick De Santis et il lui dit qu’il veut arrêter le soccer extérieur et tenter sa chance avec une équipe américaine de la Major Indoor Soccer League (MISL). Nick lui demande si c’est vraiment ce qu’il veut. Il répond oui. Nick appelle un de ses contacts et quelques jours après, Kyt était dans l’avion en direction de Cleveland pour la saison 2004-2005. « Nick De Santis m’a aidé quand j’avais besoin de lui, je n’oublierai jamais. »

Aux États-Unis, Kyt jouera pour le Cleveland Force, le Détroit Ignition et le Milwaukee Wave. En plus du championnat remporté avec l’Impact en 2004, il gagnera deux autres titres dont un avec Détroit en 2009 dans la Xtreme Soccer League et un avec Milwaukee en 2011 dans la MISL sous les ordres de Keith Tozer qui lui donnera sa première opportunité d’entraîneur de soccer intérieur en lui trouvant un poste à Louisville dans le Kentucky. Kyt Selaidoupulos sera toujours dans le top 10 des meilleurs buteurs dans tous les championnats dans lesquels il aura évolué au pays de l’Oncle Sam.

Cependant, l’expérience qui a le plus marqué Selaidopoulos dans ses pérégrinations américaines, c’est quand il connaît une grave blessure. À l’époque, l’Impact l’avait prêté à l’équipe de Huntsville en Alabama où jouait devinez qui ? Son bon ami Abraham François. Il reste deux matchs à jouer dans la saison et Kyt est dans la course au titre de meilleur buteur de la ligue. Il est en troisième position, il a besoin de marquer des buts pendant ces deux derniers matchs pour ravir le soulier d’or. Entre temps, son agent l’appelle, il a une bonne nouvelle pour lui : il vient de renouveler son contrat avec l’Impact pour plusieurs saisons. Le seul problème, autant l’agent que l’entraîneur demandent à Kyt de ne pas jouer les deux derniers matchs de sa saison, on ne sait jamais, une blessure est si vite arrivée. Mais Kyt veut finir meilleur buteur et Kyt est têtu. Il se rappelle encore du match. Tout allait bien jusque dans les deux dernières minutes de la partie quand il se blesse : le ligament croisé intérieur est déchiré. La première pensée qui vient à Kyt, ce n’est pas son nouveau contrat avec l’Impact, ce n’est pas que sa carrière est terminée. C’est : « que va dire mon père grec ? Il va me tuer ! »

Effectivement, quand son père va le chercher à l’aéroport, il lit la déception dans son regard. Son père lui posera une seule question : « qu’est-ce que tu vas faire maintenant ? », à laquelle Kyt répond sur la défensive : « qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Je ne sais pas, ma jambe est finie. » Sans le savoir, c’est à ce moment que Kyt le businessman est né puisqu’il se pose la question existentielle suivante : « qu’est-ce qui arrive si ma carrière de soccer ne marche pas ? Est-ce que je vais être un loser et continuer à décevoir mon père qui a travaillé si fort pour nous ? »

Cet événement a changé sa vie. Quand il revient au jeu après son opération et huit mois de réhabilitation, il approche sa carrière avec une vision entrepreneuriale. Il négocie mieux ses contrats. À Détroit par exemple, il était le joueur le mieux payé de son équipe, ce qui était la source de plusieurs conflits avec le propriétaire de l’équipe. Quand ils gagnent le titre en 2009, le propriétaire serre la main à tous les joueurs sur le terrain sauf à lui alors qu’il était capitaine de l’équipe, un moment très embarrassant.

Kyt le businessman crée son école Kytsoccer en 1999 et continue ses activités à ce jour. Au même moment, il agit comme DT à temps partiel auprès du club CS Mont-Royal Outremont (CSMRO) qui était en croissance avec à sa tête Luc Brutus et Max-Henri Metellus. C’est Luc Brutus qui va lui présenter un jour Durnick Jean qui deviendra son partenaire en affaire et ami avec lequel il a réussi à faire grandir son école. Kytsoccer ne vend pas du rêve aux parents. Les enfants viennent jouer et s’entraîner pour le plaisir. C’est important pour Selaidopoulos que les jeunes de son école apprennent à tomber en amour avec le ballon rond en s’amusant.

Après sa retraite en 2012, à la place d’être entraîneur à Louisville, Kyt décide de revenir s’installer au Québec pour mieux s’occuper de son entreprise et pour devenir directeur technique à temps plein du CSMRO. C’est aussi à partir de ce moment qu’il commence à penser à créer une ligue adulte de futsal. Son ami Mike Vitulano va le convaincre d’aller soumettre le projet à la Fédération de soccer du Québec. C’est ainsi qu’est née la Première ligue de futsal du Québec (PLFQ).

La tête du businessman Kyt est toujours remplie de projets. Quand il commence la PLFQ avec Vitulano sous le chapeau de Soccer Québec, il pense déjà à l’équipe nationale de futsal. Quand le poste d’entraîneur-chef s’est ouvert, il rencontre Tony Fonseca alors directeur technique de l’Association canadienne de soccer (ACS) et lui présente ses idées. En 2016, Kyt Selaidopoulos est choisi entraîneur-chef de l’équipe nationale de futsal parmi une centaine de candidats. La même année, il amène l’équipe aux qualifications de la Concacaf et passe à un point près de se qualifier pour la coupe du monde Fifa. Depuis ce jour, il continue à bâtir le programme en voyageant à travers le pays, du Québec à la Colombie-Britannique et jusque dans les territoires. Son travail acharné fait que nous avons aujourd’hui un championnat canadien de futsal auquel participe huit provinces et territoires. Selaidopoulos détient une licence B provinciale et nationale et sa licence A nationale est en cours. Il détient également ses licences de Futsal Fifa et Beach Fifa en plus d’avoir complété avec succès son cours de directeur technique de Soccer Québec.

Avant d’être sélectionneur national, Kyt Selaidopoulos a fait partie de plusieurs aventures avec les équipes canadiennes en tant que joueur. Il participe à la Coupe du monde de soccer de plage au Brésil en 2006 alors qu’il était le capitaine. Il participe également aux qualifications au Costa Rica où l’équipe a fini deuxième, et aux qualifications à la Coupe du monde de futsal en 2004.

Dans un match de soccer ou de futsal, comme joueur ou comme entraîneur, le moment le plus important pour Kyt Selaidopoulos, c’est quand l’hymne national retentit dans le stade. Le sang lui monte au visage et les frissons parcourent son corps. « C’est incroyable de représenter ton pays, de savoir que des gens de partout qui partagent la même nationalité que toi vous supportent et espèrent que vous allez gagner, explique-t-il, c’est une énergie incroyable. » C’est ce que Kyt souhaite aux enfants qui viennent aux camps de son école : qu’ils s’amusent en jouant au soccer, qu’ils soient fiers de leurs parents, de leur ville et de leur pays. Un jour quand ils seront plus vieux, quel que soit le travail qu’ils feront et quel que soit l’endroit où ils seront dans le monde, quand ils entendront l’hymne national de leur pays, ils penseront aux sacrifices de leurs parents et ils se lèveront pour leur rendre hommage.

À chaque fois que le « Ô Canada » retentit quand il représente son pays, Kyt Selaidopoulos pense à sa famille, à tous les entraîneurs et les amis qui l’ont aidé à grandir et il dit merci. Le petit garçon en lui qui arpentait les rues d’Outremont en se prenant pour Mario Lemieux pense surtout à son père grec maintenant décédé et espère qu’il est fier de lui là où il est.

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